La dyslexie est un trouble spécifique et durable de l’acquisition et de l’automatisation du langage écrit chez un enfant d’intelligence normale dont les difficultés ne peuvent être attribuées :
· à un déficit sensoriel (visuel ou auditif) ;
· à un trouble psychique ;
· à une carence environnementale et/ou scolaire ;
· à une lésion cérébrale.
Hypothèses sur les causes de la dyslexie

La question de l’origine de la dyslexie a soulevé de nombreux débats. Depuis le milieu du XXe siècle, différentes hypothèses pouvant expliquer la dyslexie ont été évoquées.. Certaines sont aujourd’hui écartées (origine sociale, pédagogique, ou encore psychologique), pendant que d’autres s’affirment (hypothèse génétique et hypothèse neurologique).

Deux pôles d'hypothèses se dégagent :

=> Les facteurs révélateurs et aggravants
Les influences environnementales défavorables (psychologiques, pédagogiques, socioéconomiques…) ne sont que des possibles facteurs aggravants ou révélateurs de dyslexie, et non des causes suffisantes, contrairement à ce qu’ont soutenu des théories autrefois très débattues, définitivement réfutées par les études neurobiologiques.

=> Les hypothèses neurobiologiques

Nous pouvons citer l’INSERM (article de leur site internet) :
« La présence d’un dysfonctionnement des circuits cérébraux impliqués dans la phonologie (représentation et traitement des sons de la parole) est aujourd’hui la cause la plus couramment admise de la dyslexie.
Cependant l'association fréquente de la dyslexie avec d'autres troubles du développement incite les chercheurs à explorer d'autres pistes. On a ainsi souligné l’importance de la dimension visuelle (analyse spatiale de la séquence des lettres dans le mot), du traitement temporel (rapidité des informations transmises dans la parole), des déficits plus larges de coordination motrice ("hypothèse cérébelleuse").
Un parent dyslexique a un risque augmenté d'avoir un enfant également dyslexique par rapport à un parent non dyslexique. Les études de jumeaux menées au plan international ont permis d’estimer à 50 % l’héritabilité de la dyslexie. La recherche des gènes concernés est encore récente, mais des résultats concordants pointent vers la responsabilité de gènes impliqués dans la migration des neurones pendant les étapes précoces du développement cortical des aires cérébrales qui seront recrutées bien plus tard dans l’apprentissage de la lecture. Certains allèles augmentent le risque de développer une dyslexie en interaction avec de nombreux autres facteurs : biochimiques, traumatiques, linguistiques, socio-éducatifs, psychologiques… »
3- Les dyslexies

Il existe des nuances en fonction de la voie de lecture atteinte (voir Les voies de lecture).



La dyslexie phonologique ou dysphonétique (60 à 70% des dyslexies)
Décrite par BODER (1971, 1973)

Elle touche la voie d’assemblage (voie de lecture que l’on utilise pour lire syllabe par syllabe) et est due à un déficit du canal auditivo-verbal (canal qui permet d'identifier les sons qui composent un mot).

Cette atteinte provoque des difficultés pour convertir les lettres ou combinaisons de lettres (graphèmes) en sons (phonèmes).

Le trouble de la perception auditive touche essentiellement les phonèmes dont l’articulation est courte (b/p par exemple). L’enfant atteint de dyslexie phonologique compense par le canal visuel et par une utilisation massive de la voie sémantique ; grâce à cette voie, il peut lire les mots connus, mais pas les mots nouveaux ou les non-mots, même simples.

Par ailleurs, on s’aperçoit que plus le mot est familier, plus vite il est identifié, malgré les difficultés de décodage.
Le lecteur dyslexique fait souvent des contresens, liés à l’absence de contrôle phonologique ; il lit alors un mot pour un autre et fait des confusions (paralexies*).

Les paralexies peuvent concerner :
- des mots appartenant à un même champ sémantique (confusions sémantiques) : ruisseau > rivière ;
- ou des mots appartenant à la même famille (confusions verbales) : bergerie > berger.


La dyslexie de surface ou dyséïdétique (environ 12% des cas)
Décrite par BODER (1971, 1973)

Il s’agit de l’atteinte de la voie d’adressage par déficience du canal visuel et plus particulièrement de la mémoire visuelle.

Elle se traduit par une absence de mémorisation à long terme de l’image des mots rencontrés, liée à une pauvreté du lexique interne (stocks de mots que possède l’individu) ; l’automatisation de la lecture est donc impossible.

La compensation se fait en général par la voie d’assemblage, bien que celle-ci puisse aussi être légèrement affaiblie.

La lecture peut être juste, mais rester lente et ânonnée.

Il fait des erreurs de régularisation* lors de déchiffrage des mots irréguliers.

L’enfant a des difficultés à accéder à la représentation mentale et aux inférences (ajout d’informations qui ne sont pas données de façon explicite dans le message mais que lecteur peut déduire ou supposer selon ses propres expériences ou connaissances).


La dyslexie mixte
Décrite par BODER (1971, 1973)

Il s’agit de la dyslexie la plus complexe car elle provoque une atteinte des deux voies de lecture.

Elle se traduit par des difficultés de déchiffrage de la lettre en son et par une carence du lexique interne, ce qui empêche une compréhension efficiente.


La dyslexie visuo-attentionnelle (rare chez l’enfant)
Décrite par VALDOIS et al. (1995)

C’est une dyslexie où le dysfonctionnement de l’attention visuelle entraîne un trouble de non reconnaissance visuelle, des difficultés attentionnelles et un trouble lexique.

La prise d'indices est faussée par une difficulté de sélection des informations pertinentes et la compréhension est réduite.